Depuis mercredi, j’ai le printemps triste. Aucun parfum des plus belles fleurs ne peut me consoler. Jean-Jacques Curelli s’est échappé vers les étoiles et nous, tous ceux qui l’ont connu, qui ont eu la chance de le côtoyer, de philosopher avec lui, de parler de tout et de rien, une pincée d’Héraclite, un soupçon d’Aristote ou de Platon, une once de Comte-Sponville ou d’Onfray derrière un thé fumant préparé avec délicatesse par sa femme Venette, sous le regard intéressé de Prince, le labris gourmand de nos croissants, savent qu’il est des vides insondables.

Aucun sujet ne résistait à la finesse de son esprit.

Ancien instituteur, puis professeur de sport, spécialistes du handball, il devint entraîneur des équipes de France Féminines qu’il qualifia pour les jeux Olympiques. Ses ouvrages sur ce sport dont il était Conseiller Technique National à la fédération, publiés aux éditions Milan, montraient l’étendue de sa palette. Sportif, écrivain, intellectuel, mais surtout homme modeste, discret, toujours à l’écoute des autres, dans un formidable esprit de tolérance. Homme engagé, il savait se mobiliser pour la cause de la liberté, de la défense des valeurs de la République. Plume alerte, toujours au travail, il dirigea une revue, en créa une qui proposait des analyses d’ouvrages les plus divers.

De nos échanges, de nos rencontres hebdomadaires dans sa chaleureuse maison de pierre d’un petit village des Pyrénées, parenthèse que nous nous étions imposés pour nous extraire un peu de la fureur du monde afin de le penser avec recul et esprit critique, de nos mails, de nos conversations téléphoniques, je garderai toujours la mémoire de cette lumière qu’il diffusait autour de lui.

Ce soir, cette lueur siège près des constellations. Normal, au fond, car pour suivre Jean-Jacques, il faut se redresser en homme libre, il faut lever la tête et grandir.


6 avril 2012

Jean-Jacques Curelli

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